Rouge de Pascaline Nolot

ROUGE DE PASCALINE NOLOT

Accroché au versant du mont Gris et cerné par Bois-Sombre se trouve Malombre, hameau battu par les vents et la complainte des loups. C’est là que survit Rouge, rejetée à cause d’une particularité physique. Rares sont ceux qui, comme le père François, éprouvent de la compassion à son égard. Car on raconte qu’il ne faut en aucun cas toucher la jeune fille sous peine de finir comme elle : marqué par le Mal. Lorsque survient son premier sang, les villageois sont soulagés de la voir partir, conformément au pacte maudit qui pèse sur eux. Comme tant d’autres jeunes filles de Malombre avant elle, celle que tous surnomment la Cramoisie doit s’engager dans les bois afin d’y rejoindre l’inquiétante Grand-Mère. Est-ce son salut ou un sort pire que la mort qui attend Rouge ? Nul ne s’en préoccupe et nul ne le sait, car aucune bannie n’est jamais revenue.

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Edition : Pocket • 332 pages • Fantasy • One Shot

A sa sortie en grand format en 2020 je voyais ce bouquin partout et je n’ai entendu que de bons avis à son sujet. Quelle ne fut pas ma surprise lorsque j’ai su qu’il allait sortir en format poche chez Pocket. Je me suis dit que c’était le moment de me lancer moi aussi. Et j’ai bien fait car j’ai adoré ce roman !

« Rouge » raconte l’histoire de Rouge (oui c’est bien son prénom), une enfant rejeté par la plupart des gens de son village à cause d’une particularité physique. Selon les dire des villageois, Rouge est maudite, elle porte le mal en elle et il ne faut en aucun cas la toucher sous peine d’être maudit à son tour et devenir comme elle. Dans cette société où s’impose le patriarcat, toutes les jeunes filles doivent quitter le village le jour de leur premières règles et ainsi être offerte en sacrifice à celle que l’on surnomme Grand-Mère. Personne ne sait ce qu’il advient de toutes ces filles, car aucune n’est jamais revenue. Lorsque le tour de Rouge arrive, les habitants sont soulagés et ravie de la voir partir.

Je pense que vous l’aurez compris à la couverture mais aussi au résumé, on est ici dans une réécriture du conte du Petit Chaperon Rouge. J’ai toujours aimé découvrir les réécritures de conte encore plus lorsqu’elles sont réécrites dans une ambiance glauque et sombre, comme c’est le cas dans Rouge. Comme je l’ai dit un peu plus haut, j’ai adoré ce roman ! Dès les premières pages Pascaline Nolot a réussi à me happer et à me faire entrer dans son histoire. Ce livre m’a fait passer par pleins d’émotions. J’ai été extrêmement touchée par le personnage de Rouge, qui est clairement malmenée dans ce récit. J’ai été à la fois touchée par son histoire, sa condition mais aussi horrifiée par la façon dont elle est perçue et traitée par les habitants de son village.

Rouge c’est avant tout l’histoire d’une jeune femme vivant dans une société patriarcale. Dans cette histoire les femmes sont rabaissées et persécutées sans arrêts, elles n’ont clairement pas le beau rôle. On le voit surtout par le biais du personnage de Rouge qui est rejetée par tous les villageois, son père y compris. Rares sont ceux qui osent poser un regard sur elle. Elle est harcelée et persécutée sans arrêts par les enfants de son âge. L’auteure de l’épargne pas par conséquent certains passages sont crus et très durs à lire. Le récit est violent, terrible, sombre et parfois même choquant. Mais là où tout le talent de Pascaline Nolot apparaît c’est qu’au fil des pages on sent que le personnage de Rouge prend de l’assurance. Chaque coup qu’elle reçoit, elle l’encaisse et il en ressortira quelque chose de très fort à la fin.

La double narration ainsi que la double temporalité présentes dans le récit donnent du rythme à l’intrigue. On va donc suivre Rouge dans le présent mais aussi dans le passé, le jour de sa naissance. C’était haletant, la tension monte crescendo, je ne me suis pas ennuyée une seule seconde. L’histoire ici se passe dans un temps moyenâgeux que Pascaline Nolot utilise pour dénoncer pas mal de choses, comme par exemple : le viol, les mariages forcés, les persécutions faites aux femmes à cette époque. C’est en ce sens que le récit est par moment cruel, sombre et très cru.

Je n’ai jamais été une grande adepte des romans féministes mais pour le coup j’ai trouvé que celui-ci était presque parfait. Le message que veut faire passer Pascaline Nolot est clair et précis, elle ne passe pas par quatre chemins. Et surtout elle arrive à le faire de façon très dure certes, mais tout en y ajoutant par moment une petite pointe de poésie à travers sa plume. Le seul bémol c’est que sa vision de l’homme manque cruellement de nuances. Il n’y a aucun homme dans cette histoire qui ne soit bon. L’autrice a fait le choix d’en faire tous des bons à rien, des méchants et des pourris. C’est ce qui m’a un poil gênée dans ce bouquin car, selon moi, il n’est pas nécessaire de descendre les hommes, de les rabaisser plus bas que terre pour écrire un roman sur la force des femmes et leur courage.

Malgré cela, je vous recommande cette lecture. Laissez vous emporter par l’histoire de Rouge tout en ayant le coeur bien accroché car certains passages sont très violents.

⭐⭐⭐⭐

Note : 4 sur 5.